L'esquive
3 bis f Centre d’art contemporain / Aix-en-Provence
Festival Propagations. 2022
Le titre L’esquive fait référence à la manière de s’échapper subrepticement d’une situation, ou d’un lieu, de se glisser dans les interstices, de disparaître et peut-être réapparaître ailleurs. II s’agit d’aller voir de l’autre côté des murs qu’ils soient matériels ou mentaux, peut-être les deux à la fois, d’entrevoir d’autres mondes, d’autres paysages imaginaires. La performance est une conversation entre Dominique Pifarély au violon et son dispositif électroacoustique, prolongeant la matière sonore initiale de la composition musicale. L’installation cherche à se fondre dans l’écrin du jardin, dans sa mémoire, à le colorer d’une certaine façon par le son. Le travail de composition débute par la constitution d’une palette sonore suivie par la création des comportements dynamiques temporels et spatiaux des formes musicales issues de cette palette. Des petites sources sonores, non visibles, s’intègrent à la végétation, au mobilier du jardin : au sol, le son se déplace suivant les formes des plantations, volutes, carrés, etc. Dans les buissons, à mi-hauteur, le son délimite un territoire d’écoute. Dans les arbres, le son projeté vers le sol construit une sorte de canopée…
Crédits
Composition : Cécile Le Prado
Réalisation en informatique musicale : Gaëtan Parseihian
Ingénieur du son : Damien Ripoll
Echantillons :
Violon : Dominique Pifarély
Contrebasse : Pierre-Marie Blind
Piano, voix et Field recording à Beyrouth : Cecile Le Prado
En partenariat avec : le 3 bis f
Résidence croisée GMEM et 3 bis f
Commande du GMEM
Production déléguée GMEM
Remerciements : Fatiha Allagui, Martin Antiphon,
Pierre-Marie Blind, Chantal Boursaux, Pascale Gérard, Michel Le Louarn, Music Unit, Manuel Poletti
Massilia, carnet de bord
Massilia, Carnet de bord est une commande sonore réalisée en partenariat avec le gmem-CNCM-marseille
pour les cabines d’essayage du magasin Galeries Lafayette Marseille Prado dans le cadre de la commande Escales. 2019
L’escale à Marseille a débuté le 15 décembre 2018.
J’ai commencé à enregistrer tout autour de là où je vis, au bout du quai. J’ai agrandi mes cercles concentriques en partant de Saint-Laurent pour passer devant la pilotine, faire le tour du fort Saint-Jean jusqu’à la Major. Cette partie du port est la limite entre les bateaux de croisière, les navettes vers la Corse ou l’Algérie et puis les plus petits voyages au Frioul, l’Estaque ou à la Pointe Rouge.
Le 26 décembre, départ du J4 pour longer le Terminal 1, traverser le marché de la Joliette et retrouver le quartier du Panier. Le paysage sonore glisse progressivement d’un espace ouvert à une zone intime où les voix rebondissent sur les murs.
Les jours suivants, je sors de mes parcours systématiques pour aller chercher des sons et des ambiances spécifiques. J’étends ma carte vers le fond du port puis vers le sud.
De toutes ces prises de son, je garde en mémoire à la ré-écoute, les impressions des lieux. Certains sons évoquent le mouvement, l’espace, d’autres amènent des éléments de dramaturgie. Enfin, certains fragments extraits de leur contexte révèlent des particularités plus abstraites, plus musicales.
Ghinà'
Cour sonore du Familistère de Guise
A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Jean Baptiste André Godin. 2017
Cette composition met en avant la voix, la voix dans toutes ses richesses avec comme reflet de l’âme et du mystère, l’incompréhensible et ses interprétations multiples.
Les textes transcrits des séances de spiritisme auxquelles participait Jean-Baptiste André Godin sont chuchotés, lus à voix intime ou déclamés puis mis en résonance avec des instruments.
Susciter la respiration intime et sonore du lieu, le faire chanter est au cœur de Ghinà’.
Dans la musique Soufie, Ghinà’ signifie le chant.
Fiche technique
La Cour sonore a été conçue en 2010 par le compositeur Jean-Christophe Desnoux et le réalisateur en informatique musicale Manuel Poletti. Il s’agit d’un dispositif de diffusion, constitué par 52 haut-parleurs installés sous les bouches d’aération de la cour du pavillon central et par 6 caissons de basses spatialisés placés dans les soupiraux. Le système est alimenté par un ordinateur qui exécute les différents programmes écrits ou réinterprétés pour le lieu.
La Cour sonore est un méta-instrument de musique qui possède ses propres outils d’écriture et de spatialisation, comme une fabrique de processus, où les sons peuvent être fixés, génératifs, aléatoires ou stochastiques.
Des séquences musicales révèlent certaines possibilités de jeux avec l’espace, avec des circulations de sons à vitesse et parcours variables, des polyphonies et polyrythmies liées à l’espace…
Dans la Cour sonore, l’œuvre musicale se comporte comme un organisme vivant.
Autres extraits…
Crédits
Composition musicale : Cécile Le Prado,
Designer sonore et assistant musical : Pierre-Marie Blind
Réalisateur en informatique musicale : Manuel Poletti (Music Unit) en collaboration avec le Cnam (CEDRIC).
Lectures : Gavriel Attali, Daniela Jordanova, Cécile Le Prado, Sarra Mehamel, Martin Saint-Pierre, Maria Vilaora, Jose Xavier.
Commande du Familistère de Guise / syndicat mixte du Familistère Godin, avec le soutien du Département de l‘Aisne, de la Région Hauts-de-France et de l‘État.
Îles Éphémères
Prieuré de La Charité sur-Loire, Cité du Mot. 2015
Crédits
Composition : Cécile Le Prado
Flûte : Jean Michel Lejeune
Voix : Le collectif d’écriture et Cécile le Prado
Design sonore et assistance musicale : Pierre-Marie Blind
Réalisation en Informatique musicale : Manuel Poletti (Music Unit)
Ingénierie du son : Martin Antiphon (Music Unit)
Atelier avec le Collectif d’écriture, Renaud Natkin pour la prise de son et Alphonse Lopez pour la plateforme collaborative.
Avec le concours du CNAM, de l’Ecole des Beaux-Arts du Mans et de l’ENJMIN
Commande avec le soutien de la direction à la musique.
Villes d’Asie, rivages
Théâtre d’Arras. 2000
Marcher la nuit, à l’heure où les grillons prennent l’espace dans le parc de l’Université de Tokyo, entre les voix scandées de l’entraînement au kendo et la préparation aux festivités olympiques, les engouements des supporters de football.
Le micro guide mes pas, mes errances.
Il s’agit d’une sorte de déambulation empreinte de fascinations, d’envoûtements et parfois d’inquiétudes.
Ces méandres géographiques entre ces villes réelles, grandes capitales ou petits ports de pêche, m’ont laissé leurs bruissements, strates sonores qui se sont peu à peu mêlés dans ma mémoire pour composer un autre paysage.
Crédits
Mixage : Samuel Alain
Assistance musicale : Vivien Trelcat
Assistance à la prise de son : Chen Yan (Pékin), Moya Qian et Song Ximing (Shangaï) Yasuka Watanabe (Tokyo), Undunk Kim (Séoul)
Commande musicale de Cesare, Centre National de création musicale, avec le soutien de l’état français.
Production déléguée : Césaré, Centre National de création musicale, Reims, France.
Une Fenêtre à New York
Châlons-sur-Saône. 2000
Etape 6 d’un projet conçu par Cécile Le Prado et Stéphane Natkin, mêlant image et son,
en hommage à Marc Rothko et à John Cage.
“Une fenêtre comme une ouverture sur la ville,
une fenêtre comme filtre des variations de lumière et de son, une fenêtre comme élément focalisant le regard et l’écoute.”
La base de la composition est une suite d’enregistrements, faite à New York en 1996 à différents moments de la journée et dans différents sites (l’éveil de la ville entendu d’une chambre d’hôtel, les poubelles à Time Square tôt le matin, les pas à l’entrée de Wall Street, un marché à midi, une répétition d’une compagnie de danse dans l’après-midi donnant sur Broadway, la circulation sur le pont de Brooklyn le soir à la sortie des bureaux, les bars à Soho, etc.).
Crédits
Concept : Stéphane Natkin,
Cécile Le Prado
Conception des images et de l’installation :Stéphane Natkin
Logiciels : Bruno Lameyre
Ellès
Création FRAC Champagne-Ardennes. 2004
ELLÈS est une installation sonore issue de la rencontre entre la chorégraphe Emmanuelle Huynh
et la compositrice Cécile Le Prado.
ELLÈS est le témoin de l’entrelacs dans lequel nous nous tenons. Le monde imprime ses événements dans nos corps en même temps que ceux-ci ne cessent de le reconfigurer. Il est donc question des répercussions du vaste corps du monde en nous mêmes ainsi que de la résonance de nos corps singuliers dans ce monde.
ELLÈS est un geste lisière où il est question, pour la musicienne et la chorégraphe, d’espacer, c’est à dire d’organiser des formes, formes sonores en l’occurrence, dans un comportement spatial.
Les deux artistes travaillent ensemble à créer de petites articulations, objets sonores hybrides entre leurs deux imaginaires. Elles mettent en scène des modèles d’échange dehors-dedans : ondulations, tremblements, propagations, densifications, retraits, immobilité.
Le comportement du son dans l’espace, sa chorégraphie, proposent d’une part un espace périphérique que le visiteur parcourt seul, à fleur de peau, et d’autre part un espace central de recueil partagé.
Crédits
Assistance musicale :
Manuel Poletti
Stagiaire musical :
Benjamin Ponant
Ingenieur du son :
Stéphane Petit
Logiciel Spat@ircam-Centre Georges Pompidou
Mise à disposition informatique : Laboratoire Cedric
Suivi de réalisation plastique et conception des éléments de la déambulation : Nicolas Floc’h
Partenariat : Amadéus Atelier 33
Coproduction : CESARE, FRACCA, LE MANEGE
ELLÈS a bénéficié d’une aide à la création de la DRAC Champagne-Ardennes.
L'autre rive
À Maria…
Création aux Jardins de Barbirey, Festival “Entre cour et jardins”. 2004
“Le Paysage, c’est quelque chose que l’on traverse, c’est ce que l’on vit en voyageant… L’objet du voyage n’est pas de trouver mais de perdre, pas de raconter mais d’écouter.”
Gilles A. Tiberghien “Le Principe de l’axolotl”
Trois lieux, trois circonstances d’écoute et de regard.
Le parcours proposé est le suivant :
L’orangeraie
Six fenêtres ouvertes sur la vallée de l’Ouche.
Six paysages offerts à notre regard jusqu’à la ligne d’horizon et points de réflexion autour d’une lecture de Gilles A. Tiberghien
Il s’agit d’une écoute solitaire ou collective nécessitant le temps de résonance du texte avec nos sensations.
Les lisières
Le regard est conduit par les contours et les percées visuelles possibles au travers de la végétation. On devine l’image d’un jardin, ses perspectives possibles, ses points de vue…
Déambulez, passez au travers ou arrêtez-vous un peu en retrait du jardin.
L’écoute proposée est celle de multiples histoires possibles de ce lieu.
Mémoire d’autres paysages, d’autres lieux parcourus, autres climats, autres sensations, autres fantasmes …
Ici, l’écoute est sollicitée par les souvenirs auditifs , traces auxquelles nous attachons plus ou moins d’importance, fragments plus ou moins évocateurs selon notre propre histoire, nos propres voyages. Il n’y a pas d’histoire, mais des histoires qui se combinent, se mêlent au travers de nos pas (forêt et mangrove de l’Ouest de l’île de Cuba, marais au sud de la Vendée, rives du fleuve Tage à Lisbonne…). Cherchez un écoute secrète, attentive à différentes présences sonores furtives dans ce jardin secret.
Le pigeonnier
C’est un appel à une écoute intime ou la perspective visuelle s’arrête aux parois, sortes de vases acoustiques et ancien abris des oiseaux
Fermez les yeux et laissez apparaître des paysages cachés, images mentales suscitées par une proposition musicale, une histoire à reconstituer, ou voix et fragments sonores construisent leur toile au cours du temps de notre écoute.
Autres extraits…
Crédits
Collaboration Ircam/ Radio France
Prise de son : Cécile Le Prado, Gilles Mardirossian, Christian Sebille
Voix : Nuno Bizaro, Margarida Mestre, Gilles A. Tiberghien, José Xavier, Cécile Le Prado
Assistant prise de son Soundfield : Emmanuel Rio
Assistance Musicale et mixage Ircam : Romain Kronenberg
Réalisation France Culture : Gilles Mardirossian
Mixage Radio France : Michel Créïs et Pascal Baranzelli
Logiciel Spat@Ircam
Secrète Lisboa
Atelier de Création Radiophonique. 2003
Diffusion Radio France.
Promenade sonore dans Lisbonne, sept « visiteurs-guides » représentant tous les arts livrent leur point de vue sur la ville.Faire de soi plusieurs êtres distincts pour pouvoir sentir. » Fernando Pessoa « Insaisissable ville habitée de mirages, de fantômes. Voyage dans Lisboa, dans son espace du dedans et qui en même temps nous ouvre les portes vers l’extérieur, vers d’autres mondes. Face au Tage, elle se faufile vers d’autres horizons, laisse des fenêtres béantes propres à l’ailleurs, aux rêveries, aux souvenirs enfouis, aux hallucinations… Ville vaisseau aux amarres prêtes à lâcher, elle incite à la suivre vers le grand large. Le voyage proposé dans cet Atelier est une fiction documentaire. C’est l’histoire à multiples facettes et rebondissements d’une ville parcourue et rêvée parfois jusqu’à la folie, par des personnages réel interviewés et puis aussi par des personnages de romans.
Description technique
Radio stéréo et dolby surround.
Crédits
Collaboration Ircam/Radio France
Prise de son : Cécile Le Prado, Gilles Mardirossian,
Christian Sebille
Voix : Nuno Bizaro, Margarida Mestre, Gilles A. Tiberghien, José Xavier
Assistant prise de son Soundfield : Emmanuel Rio
Assistance Musicale et mixage Ircam : Romain Kronenberg
Réalisation France Culture : Gilles Mardirossian
Mixage Radio France : Michel Créïs et Pascal Baranzelli
Logiciel Spat@Ircam
Extraits de textes : Herberto Helder “Le poème continu“, Margarida Mestre “Lamento“, “Por um ruiz“, Florbela Esperença “L’aviateur“, Gilles A. Thibergien “le Principe de l’Axolotl et suppléments”.
A l’abri d’un érable
Création au Musée Zadkin / Paris. 2001
Exposition Paysages d’entre-villes.
Melbourne, Sydney, Singapour puis Tessaloniki
Mémoires
Villes portuaires
Confidences
J’ai refait sans le savoir, longtemps après, avec un micro, le voyage que mon père faisait régulièrement sur les “tankers”, gros navires transportant du pétrole, depuis le sud de l’Australie jusqu’à l’Est de l’Europe.
Crédits
Assistance musicale : Véronique Larcher
Implantation de diffusion sur site : Bernard Byk et
Michel Deluc (Atelier 33)
Logiciels : Audiosculpt©Ircam Centre Georges Pompidou
Spat©Ircam Centre Georges Pompidou
Production de l’installation : Paris Musées
Production de l’œuvre : Clameurs
Avec le concours de :
La société Atelier 33 / Amadeus Concept
L’Ircam Centre Georges Pompidou
Le Laboratoire Cedric du Cnam
Lignes d'eau, Esquisse n°1
Galerie Xippas/ Exposition “Remise en forme”. 1997
Préfiguration de l’installation permanente réalisée à l’iUT de Niort en 1998
Commande pour un 1% artistique d’un bâtiment public.
Entre la baie de l’aiguillon et Niort, des séquences avec des sons captés ayant comme point commun l’imaginaire de l’eau, l’eau vive, la mer et puis des eaux plus introverties : le marais.
Autrefois, la mer allait jusqu’à Niort. Ces séquences vont du réalisme, l’eau avec des pas sans aucun traitement, à des séquences mixtes ou le paysage sonore identifiable se mêle à des sons spatialisés et enfin à des séquences rythmiques plus abstraites et plus musicales.
Nous avons fait une préfiguration de l’œuvre complète avec une petite version intérieure.
10 copies numériques C.D. ont été enregistrées pour cette exposition.
Le visiteur est invité à entrer dans un environnement assez sombre, éclairé seulement par deux lignes au sol. Une ligne sonore est parallèle à l’une d’entre elles. Elle est constituée d’eau lisse et de marches sur la plage. Grâce à des écouteurs placés sur le dossier de deux chaises de plage, une des lignes d’eau, une séquence de quelques minutes, passe en boucle. Les chaises de plage sont une invitation à prendre le temps de l’écoute.
Les chaises de plage invitent à prendre le temps de l’écoute. Un grand écran blanc, comme un écran de projection rétro, bouge légèrement, sans image, avec une sorte de transparence.
Description technique de l’installation permanente à Niort
Dans cette installation, avec 4 H.P., de type bornes de jardin en terre, et un ponton en bois, les séquences sont fragmentées en durée d’écoute de 2’. Un capteur de présence déclenche le fragment suivant jusqu’à sa fin. Autrement , le jardin reste silencieux, sauf si un mouvement est détecté.
Crédits
Lumières : Christian Dubet
Technique son : CIDMA, Etablissement Public du Parc et de la Grande halle de La Villette
Aide à la Production : Espaces Nouveaux, Atelier 33
Production : Clameurs
Le Triangle d’Incertitude
Suite pour paysage maritime
Création à La Pointe Saint-Mathieu, réalisée dans le cadre
des événements « Imaginaire irlandais » en France. 1996
Les marins s’orientent en mer grâce à des points de repère naturels situés le long de la côte. Ces points, par exemple des clochers d’église, des collines, des châteaux d’eau ou des phares qui se distinguent généralement du reste du littoral, sont appelés amers (seamarks ou landmarks).
Il suffit d’identifier trois de ces amers dans des directions complémentaires pour pouvoir construire un triangle dans lequel se trouve inévitablement votre navire : ce triangle dessiné sur la carte de navigation est appelé « Triangle d’incertitude ». Le principe de l’installation sonore Le triangle d’incertitude reprend le principe de la navigation triangulaire en remplaçant ces repères visuels par des repères acoustiques. également des éléments d’information utilisés en navigation qui peuvent être reconnus par une écoute attentive.
Les phares, les bouées, les radios de bord et bien d’autres installations techniques avertissent le marin des dangers ou des risques avertissent le marin des dangers ou des obstacles. Ce projet d’installation vise à construire un triangle d’incertitude sur le terrain d’un espace fictif, sur la base d’enregistrements sonores effectués aux endroits suivants : la pointe sud de l’Irlande (Fastnet Rock), l’extrémité ouest de la France (Bretagne), et le point le plus occidental de l’Espagne (Cap Finisterre, Galice).
“Imaginez la côte vue de l’océan Atlantique. Il y a ces lieux que vous reconnaissez, lointains et familiers : les phares, les caps, les repères ancestraux, et aussi les petits riens, les lieux plus familiers, une maison, un trait sur une falaise, et enfin ce petit pincement que ressentent les marins qui rentrent au port après un long voyage. Ces lieux porteurs de mémoire et de reconnaissance se nomment des amers.Maintenant, fermez les yeux pour laisser toute la place à l’univers des sons.
Imaginez-vous au milieu de l’océan, cherchant des repères, des amers sonores. Peu à peu, trois directions se dessinent et les trois axes forment le triangle d’incertitude. Au nord-ouest, le Fastnet, au Sud le Cabo Finisterre et à l’est, Le Conquet, la pointe de la Bretagne. Des sons du paysage, vent, vagues, le littoral, se mêlent à ceux de la signalétique maritime, phares, bouées, radios, et puis les ports, les docks, les caisses qu’on ripe, les cornes de brume. Il y aussi les phares, les oiseaux de mer, la criée, toute l’âme sonore de chaque lieu qui se déploie, et, pour un instant, vous savez où vous êtes.
Cécile Le Prado a enregistré les voix des paysages maritimes. Et puis, au cours d’un patient travail de transformation, elle est passée du sonore au musical, creusant dans la masse des informations pour en extraire l’identité musicale de chacun de ces trois lieux, de ces trois amers.
Ainsi, Le Triangle d’incertitude est une installation musicale au cœur de laquelle vous allez voyager. Cécile Le Prado vous appelle ainsi à rejouer le drame du voyageur immobile, éveillé sur la tempête endormie, et, comme le poète, à entendre plus loin que l’horizon.”
Michel Chion
Crédits
Commande du Ministère de la Culture.
Coproduction : Ircam, Quartz de Brest, Parc de La vIllette
Mixage-mastering : Frédéric Prin
Assistant musical : Gilbert Nouno
Expertise scientifique (spat®) : Jean-Marc Jot
Assistants à la prise de son : Christian Dubet, Mar Pazos Oviedo
Vocatifs
Festival Artifices 3, Saint-Denis. 1993
Vocatifs est une installation sonore crée e pour l’exposition Artifice 3. Il s’agit d’une
commande d’une œuvre interactive abordant la question de la mémoire et de la disparition. Le
point de départ en est une liste de prénoms d’enfants disparus pendant la première guerre en ex-
Yougoslavie. A la demande du Haut Commissariat pour les réfugiés (l’UNHCR), une banque de
données contenant des informations disponibles et nécessaires à l’identification des enfants est
constituée. La composition musicale de Vocatifs est formée de sept séquences crées à partir de la
lecture puis de la transformation de ces prénoms. A l’origine, l’installation est tangible. On se
déplace physiquement dans une cellule un peu monacale, peu éclairée. Situé au fond de cet espace,
se trouve un pupitre portant la liste des prénoms. Donc la liste n’est lisible par un visiteur que
lorsque il s’approche très près du pupitre. Les parois sont équipées de capteurs et de haut-parleurs
Cet espace demeure silencieux tant qu’aucune présence n’est détectée. Lorsqu’un visiteur rentre
dans l’espace, il entend une lecture de la liste. Mais plus le visiteur avance à l’intérieur de la cellule
pour lire la liste, plus ce qu’il entend devient inintelligible car noyé dans un effet de réverbération.
La lisibilité n’est possible qu’au détriment de l’écoute et vice-versa. Cette œuvre questionne donc
la perte d’identité et met le visiteur dans la situation d’impossibilité de reconnaitre les prénoms, à
la fois par l’écoute ou par la vue. Dans cette version de l’installation, le corps du visiteur est
impliqué dans l’espace réel. C’est son déplacement qui fait évoluer, en temps réel, la composition musicale en effaçant en quelque sorte les prénoms. Il n’y a aucune manipulation d’interface, simplement le mouvement du corps. Le visiteur prend conscience de son rôle en expérimentant l’espace d’écoute.
Description technique
Installation sonore interactive pour 6 capteurs infrarouges, sept haut-parleurs, deux lecteurs de CD
Programme Max (Ircam) et Sysdiff (CIDMA)
Crédits
Voix : Ruska Micic, Emir Srkalovic (association Sarajevo)
Conseil Scientifique : Marie-Helène Serra
Production : CIDMA, Clameurs, IRCAM, Observatoire de l’Image
Vocatifs 2
Musée des Arts et Metiers / Exposition Une histoire de l’art et de l’interactivité. 2015
Description technique
La version 2 présente deux nouvelles formes : l’une en réalité augmentée et l’autre en réalité virtuelle avec l’Oculus Rif.
Crédits
Production de la version en réalité virtuelle : CNAM/CEDRIC
Avec l’assistance de Seong-Hoon-Ban, Pierre-Marie Blind, Julian Moreira, Delphine Soriano
Voix enregistrées : Duska Micic, Emir Srkalovic
Le passeur
Jardin de la Treille / Parc de La Villette / Exposition Parcours sonores 3. 1992.
L’élaboration du paysage sonore du Jardin de la Treille s’apparente dans un premier temps à une recherche géologique. C’est à dire prendre en compte des traces, des indices sonores, fouiller dans les mémoires du lieu, reconstituer des strates. Les matériaux sonores, qu’ils soient déjà archivés ou enregistrés spécialement pour ce propos ont tous un lien avec le site : tout d’abord ceux qui proviennent d’autres parties du parc, comme les voix, le vent dans certaines structures, les pas sur les passerelles métalliques. Ensuite cette recherche inclue des zones plus larges du nord-est Parisien comme des friches industrielles, des entrepôts, des docks le long du canal de l’Ourq ou des principaux axes de dessertes ferroviaires. Enfin, je me suis attachée à des bribes de voix témoins de la vie quotidienne dans la rue, en particulier à Belleville qui fourmille de populations étrangères différentes.
Je travaille ensuite sur la transformation de ces matériaux sonores. Je cherche à les sortir de leur contexte premier, à créer un hors temps et hors espace pour développer une sorte de fiction de ces documents. Celle-ci est ma propre sensation de la vie et de l’histoire du jardin.
Cette fiction s’élabore en tenant compte des particularités topographiques, acoustiques et de la vie sonore propre du jardin.
La disposition non visible des diffuseurs et le choix précis des déplacements du son dans le site, participent fortement à l’aboutissement d’une balance délicate entre architecture sonore et paysage.
Description technique
Les haut-parleurs et le câblage ne doivent pas être visibles pour le promeneur.
Les fréquences basses sont émises d’une galerie sous le jardin.
Les fréquences aigues et médiums sont émises par une vingtaine de diffuseurs à membranes tropicalisées installés dans les caissons des fontaines. Ils sont dirigés vers l’intérieur des caissons pour utiliser la réflexion.
Le son est enregistré sur une bande huit pistes.
Le signal, par l’intermédiaire d’un système informatisé (Sysdiff), est ensuite spatialisé sur les différents points de diffusion.
Crédits
Avec le soutien de la direction de la Musique-Ministère de la Culture, avec la collaboration de TEAC France TASCAM
Coproduction : LYGIS
Diffusion assistée : CIDMA
Documentation : Pierre Gaudin et Jean-Michel Gourden.
Follia
Jardin du Fort Foucault / Niort / Exposition Sites Choisis. 1991
Composer une pièce musicale électroacoustique à partir de traces sonores de la vie du marais et d’activités (chamoiserie, ganterie, lutherie) aux larges empreintes dans l’histoire du Fort-Foucault.
Ouvrir l’espace musical aux déambulations du promeneur par la diffusion dans le site.
Faire émerger, renforcer les trajectoires, les immobilités, les lignes de force de l’architecture et des jardins par le paysage sonore.